Deuxième Partie : la bataille de Normandie
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CHAPITRE XI
6 JUIN 1944, JOUR J
L'ASSAUT
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Minuit : l'assaut aéroporté
A l'est de l'embouchure de l'Orne, à 0 h 20, 6 planeurs se posent et les hommes qu'ils transportent se saisissent immédiatement des 2 ponts sur le canal et sur l'Orne de Bénouville.
La défense antiaérienne quoique très dense se montre moins efficace que ne le craignait le général Leigh-Mallory ; des 805 avions de transport qui survolent le Cotentin, 20 seulement sont perdus ; à l'aube le général Taylor regroupe 1100 parachutistes sur 6600. 24 heures après il n'en aura encore auprès de lui que 3000.
éêJuin 1944 - atterrissage de planeurs et larguage sur le Cotentin.
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êembarquement des troupes dans les péniches d'assaut.
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éêGuetteurs et soldats allemands dans des blockhaus face aux plages.
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L'armada alliée approche
Vers 2 heures du matin, l'alerte est donnée à la défense côtière allemande. Celle-ci ne mettra néanmoins aucune patrouille supplémentaire à la mer, les circonstances atmosphériques étant considérées trop défavorables pour un débarquement. Et pourtant l'armada alliée approche. Une force, celle de Utah, en avance sur son horaire, grosse de 1000 bateaux portant 30000 hommes et 3500 véhicules est, à 2 heures, à 15 km au large de son objectif, la plage de Saint-Martin-de-Vareville.
Les bombardiers de nuit passent, à partir de minuit, au-dessus des forces navales d'assaut. Cependant les nuages gênent l'observation et les tirs ; les défenses allemandes sont moins détruites que prévu. Ceci explique la dure résistance que vont rencontrer les groupes d'assaut, en dépit de la relative surprise des soldats allemands en voyant brutalement émerger du brouillard à quelques centaines de mètres devant eux une flotte pour eux inimaginable par son importance et sa nature.
Le commandement allemand est également surpris par les comptes rendus qui, dans la matinée, vont lui parvenir des unités engagées sur la côte : surveillance côtière et radars ont été aveuglés et ne l'ont pas averti de l'approche, inaperçue, de milliers de bateaux alliés.
Entre 1 heure à 4 heures, alors que l'armada approche des côtes et que les bombardiers alliés sillonnent le ciel, 9 installations radars seulement et 18 des 92 stations radios existantes sont en état de fonctionnement.
Le rapport matinal quotidien de la VIIe armée, à 6 h 45, après avoir indiqué les assauts aéroportés d'envergure de la nuit vers l'Orne et le sud Cotentin se termine par cette phrase : "La reconnaissance aérienne et navale à l'aube n'a saisi aucune nouvelle information."
Depuis 15 minutes, les débarquements ont commencé à Utah et Omaha.
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éUne vague de péniche d'assaut fait route vers la terre.

Face à ces deux plages, à partir de 2 heures les navires alliés ont stoppé. Les hommes descendent des bateaux dans les chaloupes de débarquement à fond plat ; les péniches spéciales, les véhicules amphibies approchent : la première vague doit toucher les plages d'Utah et d'Omaha à 6 h 30. les gradés allemands contemplent ahuris des centaines de navires de toutes tailles, et même des chars et des véhicules marchant sur l'eau. Tous se mettent dans leurs emplacements de tir. Sur les 5 plages, tout est en place pour que s'engage le dur affrontement des hommes. C'est à Utah et Omaha que les combats s'engagent les premiers.
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éle 6 juin 1944 après-midi. - derrière "Utah Beach" arrivent des planeurs portant renforts et armes lourdes.
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éLe 6 juin - Omaha. Des soldats américains descendent d'une péniche de débarquement.
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éLe 6 juin 1944 - le difficile débouché des murettes de la plage d'Omaha et la montée vers les dunes qui la dominent.

L'assaut amphibie à Utah et Omaha
A Utah la première vague atteint la plage à 6 h 30 exactement. Sur l'ensemble de la plage, la résistance est relativement faible ; les chars amphibies l'abordent et la nettoient avec les fantassins qu'ils appuient. La jonction est réalisée avant 13 heures avec les parachutistes de la 101e Airborne Division, près de Saint-Martin-de-Vareville. Avant midi, un message, peut être plus optimiste que la réalité, informe le général Bradley à bord du croiseur Augusta que le débarquement se poursuit à Utah dans de bonnes conditions "Plages nettoyées, routes en construction, peu d'opposition..."
Les informations reçues de Omaha sont moins satisfaisantes. La mise à l'eau des embarcations et des véhicules amphibies vers 3 heures du matin à près de 18 km du rivage dans une mer grosse est très difficile.  Un des deux bataillons de chars amphibies décide de ne pas mettre à l'eau et de pousser les porte-chars jusqu'aux plages. L'autre met ses chars à l'eau, peut-être trop loin dans une mer démontée, et 2 seulement sur 29 atteindront la plage. Sur les plages de Vierville et Saint-Laurent l'engagement est immédiatement très dur. Les chalands et les soldats encore à la mer sont pris sous le feu des divisions allemandes : la mer monte, laissant aux fantassins américains, en nombre croissant dû à l'arrivée des vagues suivantes, un espace de plus en plus étroit battu par les tirs allemands. Difficilement appuyées par l'artillerie navale en raison de l'étroitesse du contact avec les résistances allemandes, les unités américaines subissent des pertes. Jusqu'à midi, la situation reste critique - sur l'Augusta, le général Bradley sent avec anxiété venir le moment où devra être envisagé de rembarquer.
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éLa pointe du Hoc, théâtre des combats des rangers américains les 6, 7, et 8 juin.

La pointe du Hoc
A mi-distance entre Omaha et Utah, la pointe du Hoc domine la mer de sa falaise verticale. Elle est couronnée par une batterie sous abri bétonné. Il faut s'en emparer pour libérer les plages de la menace qu'elle fait peser sur elles. Telle est la mission confiée à une unité américaine spéciale, le 2ème bataillon de rangers. La pointe du Hoc a fait l'objet, dans les jours précédents, de bombardements massifs et ses canons en ont été retirés et braqués vers l'Ouest. La position, au sommet de la falaise, reste cependant importante, et dure à conquérir.
A partir de 7 heures les rangers y accèdent avec des échelles de pompiers installées sur des chalands ; ils lancent, par fusils, des grappins et des cordes pendant que l'artillerie navale les appuient au plus près. Toute la journée et le lendemain encore, ils devront repousser des contre-attaques allemandes. Pendant deux jours, se livre sur cette pointe de rocher un combat homérique.
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éDébarquement et approche des véhicules amphibies le 6 juin face à un blockhaus allemand neuralisé.

L'assaut amphibie à Gold, Juno et Sword
Accompagnées et appuyées au plus près par des chars fléaux et les chars amphibies qui par endroits précèdent l'infanterie, les brigades britanniques prennent pied à 7 h 30 à la Rivière et au Hamel, détruisant progressivement blockhaus et obstacles allemands. Le combat est dur pour les hommes qui retrouvent la terre ferme.  Ils débarquent dans l'eau, éprouvés par le mal de mer provoqué par une houle particulièrement forte sur cette côte. Les chars amphibies ne sont mis à l'eau qu'à 600 m en mer et gagnent la plage en nageant : d'autres sont débarqués sur les plages mêmes, tant la mer est houleuse. En raison du retard initial et de la poursuite selon l'horaire exact des débarquements suivants, un certain engorgement se produit sur les plages.

éLes Débarquements se poursuivent après neutralisation des défenses allemandes.

Le bilan de la journée du 6 juin
Ainsi se termine le premier jour du retour allié sur le continent, 4 ans après l'évacuation de Dunkerque. D'ores et déjà les Alliés ont une prise sur le continent : Ont débarqué par mer 132 715 hommes. S'y ajoutent 15 000 Américains et 7 000 Britanniques jetés à terre au sein du dispositif adverse par 2 395 avions et 867 planeurs. Ainsi, en dépit du mur de l'Atlantique, plus de 156 000 hommes foulent le soi de France après le premier jour de campagne. Les pertes éprouvées sont de l'ordre de 2 500 tués et 9 000 blessés, sans compter 1 millier de disparus dont un certain nombre sera retrouvé les jours suivants.


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