Le maréchal Von Rundest est le commandant en chef des forces terrestres à l'Ouest depuis juillet 1942. Agé de 69 ans, doyen des officiers allemands, il représente les traditions de la vieille armée à laquelle il appartient depuis le début du siècle. En 1932, il exerce le commandement le plus important de l'armée, celui du groupe d'armées n° 1 qui coiffe Berlin et Brandebourg : il assiste, et parfois doit être mêlé, aux divers mouvements que provoquent les changements politiques de la fin de la république de Weimar à l'avènement d'Hitler. Comme tous les officiers de sa génération et de son origine qui se trouvent à la tête de la petite armée que von Seekt a fait survivre, il accepte par discipline, et avec un certain mépris, l'accession au pouvoir du nazisme qui cependant présente l'avantage de donner à l'armée armements, effectifs, modernisation et puissance. Mais il est de ceux que choquent et ébranlent les audaces d'Hitler. En 1938 il demande en raison de son âge la retraite, qui lui est accordée. Brillant tacticien, il est rappelé en service en 1939 : il commande successivement et toujours victorieusement des groupes d'armées, en Pologne en 1939, en France en 1940, et au centre de l'attaque en Russie en 1941. En désaccord avec Hitler sur la conduite à tenir en Russie durant l'hiver 1941-1942, il se retire à nouveau.