Préambule
LA verte Normandie évoque la douceur de vivre. Cependant, quelques ruines de blockhaus derrière les belles plages de sable, de grands cimetières soigneusement entretenus, fréquemment visités et fidèlement fleuris rappellent que sur cette terre accueillante s'est livré durant 3 mois, du 6 juin au 20 août 1944, une dure bataille.

La Seconde Guerre mondiale présente des aspects impressionnants : déportations par millions, encerclement d'armées, meutes de sous-marins aux trousses de cargos dans l’Atlantique, destruction de deux villes en quelques secondes d'un éclair nucléaire. La bataille livrée dans un rectangle de 500 km² en Normandie paraît de moindre importance.

En fait, s'est livrée en Normandie la bataille essentielle de la guerre. Son projet a dominé la stratégie tout au long du conflit. Sa première phase consiste en un immense assaut amphibie contre un adversaire qui s'organise depuis 4 ans pour l'interdire. Cette opération militaire exceptionnellement difficile, sans pareil dans l'histoire, exige des moyens d'une telle dimension qu’elle ne pourrait être réitérée en cas d'échec. Elle réalise une combinaison intime de toutes les catégories de forces militaires existantes à l’époque. Elle, et elle seule, pouvait permettre d’atteindre le but politique des puissances alliées : mettre fin à la Seconde Guerre mondiale. La percée au terme de cette coûteuse bataille a ouvert la voie traversant la France et conduisant à la paix.

Aujourd’hui, 60 ans après cette bataille, les esprits balancent entre l’oubli inspiré par la calme beauté retrouvée de la Normandie, et l’émotion suscitée par l’évocation des génocides. L’oubli est injuste, l’émotion est vaine. Mieux vaut prendre conscience que la fin des holocaustes passait nécessairement par la bataille de Normandie.